lundi 12 novembre 2007

Courte sur patte

On est samedi après-midi et il fait chaud (comme d’habitude). N’étant pas de la place, j’aime bien essayer de nouvelles places, des petits cafés sympas et explorer un nouveau coin de la ville. Ma destination : le café La Habarera, un petit café où l’on y vend de bons cigares. Je prends donc l’autobus Circular #1 pour m’y rendre. La fin de semaine, je ne sais pas où est toute la population de Fortaleza, mais en tout cas, elle ne se trouve pas dans les autobus. Pour m’y rendre, je fais pratiquement le tour de la ville, d’où le nom de l’autobus (circular). Pendant le trajet, je regarde partout, j’entends bientôt à l’extérieur une femme, je sorts de la lune et cherche d’où ça vient. Elle court vert une auto de police, le temps de passé devant, on voit bien qu’elle est en panique. L’autobus continue sa route, je ne saurai jamais ce qui lui est arrivée. La chose est que ça arrive souvent. Par chance, ce n’était pas moi. Parce qu’il faut compter sur la chance, Ça arrive.

Bon, je me rends à destination. Encore là, il n’y a pas grand monde dans le café. Tout le monde est je ne sais où mais pas à La Habanera. Je m’assieds, je commande un café et une bouteille d’eau (parce que je viens sûrement de perdre un litre d’eau déjà). Je commence à lire, faut dire que mon livre est très intéressant et de toute manière, je n’ai personne d’autre avec qui parler. Passe un moment et une vieille dame entre. Elle semble être une habituée de la place. Petite, cheveux courts et blonds, rondelette : ça pourrait être moi dans 60 ans. Même si on est au Brésil, pays du culte du corps, ici dans le Nordeste (Ceara) tout le monde est un peu grassouillet. Le miroir parfait du Québécois moyen : un peu de bedaine en trop. J’en conclus que c’est parce qu’on met du sucre partout ici. Alors ma petite dame s’assied. Moi, je continue à lire. Tout bonnement comme ça, plus tard, elle me parle. On discute de livre. Elle me raconte sa vie. Elle parle portugais, français, grec et italien. Elle a voyagé au Moyen-Orient en Europe, en Amérique Latine et en Asie. Elle a pratiquement fait le tour du monde et toute seule, à chaque fois. Maintenant, dans ses temps libres, en semaine, elle court sur la plage pour se garder en forme. Un jour, en exerçant ce sport, quelqu’un s’est exclamé :« Mais c’est une vieille! » Oui et puis après!

Petite bulle d’énergie, elle me raconte qu’elle approche les 90 ans. Je ne suis pas vraiment tombé de ma chaise, mais presque. Si je peux avoir cet éclair dans les yeux cette énergie pour courir sur la plage à son âge, ça ne me dérangerait pas d’être comme elle. Je la regarde avec un sourire béat étampé en pleine face. On termine notre discussion et elle part ainsi, petite, cheveux courts et blonds, rondelette.

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