mardi 20 novembre 2007

L'école sur le banc



C’était dans le bureau de l’ingénieur du projet de constructions des nouveaux HLM (si on peut appeler ça ainsi), en train de parler tout bonnement de mon projet de documentaire qu’on entendait depuis une bonne dizaine de minute quelqu’un parler dehors. Je finis par demander ce qui se passe à l’extérieur. L’ingénieur me répond tout bonnement que c’est une réunion syndicale. J’ouvre la porte pour examiner ce qui se trame dehors. C’est bel et bien ça. Tout le monde est là. Les travaux sont arrêtés et l’on discute de conditions de travail. Je suis dans la Favela et quelqu’un arrive pour m’amener autre part. Ce n’est pas le temps de demander un délais, ça fait déjà 1 heure que j’attends que quelqu’un vienne me chercher. Dans la communauté de Rosalina, je ne peux pas me permettre de me déplacer seule. Je suis blonde, blanche (ou plutôt rouge), j’ai un accent étranger et je me promène avec mon appareil photo, ma caméra, mon cellulaire, mon microphone et mes tonnes de questions. Tout ce matériel vaut beaucoup et ma vie, un peu plus. Bref, je n’ai pas le temps de savoir la conclusion des évènements auprès des travailleurs.

Un peu plus loin, se dresse un autre chantier : une école en construction. Elle est là, postée à l’entrée de la Favela, mais rien ne passe à l’intérieur. Personne n’y entre, personne n’y sort, personne n’y travaille. Comment se fait-il que cet établissement soit vide. En fait, l’école est en construction. Cela fait partie du projet de développement de la mairie de Fortaleza. Un projet qui devrait s’étendre sur 2 ans, mais à parler avec l’ingénieur des travaux, on comprend bien que ça va durer beaucoup plus longtemps,trois, quatre,cinq ans peut-être. On a déjà promis beaucoup de choses à la population. Elle commence déjà à s’impatienter. Pour ce qui est de l’école, on couvre bientôt ce sujet. Lors d’une assemblée de rue entre la population et Ortins, figure de proue de la mairie pour mobiliser la communauté, on démontre un peu de colère. Ortins explique bientôt le problème, ce qui décourage la population. Encore là, la corruption s’est infiltrée dans le projet de développement. Il veut bien régler le problème rapidement, mais tout ceci est au-dessus des forces. Ça prendera un peu plus de temps que prévu. On essayera de notre mieux. Tranquillement, on parle donc d’organiser une manifestation chez le propriétaire de la compagnie sous-traitante. En blague, on propose de tuer toute cette vermine. C’est le seul moyen que possède la communauté pour manifester leur mécontentement. La corruption, ce n’est pas un nouveau terme pour personne, mais c’est toujours décourageant d’avouer qu’on en est victime.

Un peu plus tard, au courant de la journée, on apprend les conclusions de la réunion syndicale de l’autre chantier, celui des nouvelles habitations où toute la population déménagera bientôt. C’est le jour de paye aujourd’hui et la plupart des travailleurs ont arrêté de travailler jusqu’à ce qu’ils reçoivent leur dû. Par-dessus tous ça, une légère odeur flotte partout dans la favela, celle provenant des eaux usées de la communauté à moins que ce soit l’odeur de l’argent qui est montée au nez des entrepreneurs.

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